C’est l’après-guerre et la folle envie de frivolité qui précède le grand retour de la chaussure surélevée, cette fois-ci sous la forme du talon aiguille. Les femmes qui ont soudain trouvé un regain d’indépendance durant la guerre veulent continuer à se démarquer par une mode qui doit refléter ce vent de liberté. Elles désirent travailler comme des hommes, partager les mêmes droits, tout en conservant leur féminité.
L’un des premiers talons aiguilles
Ce sont les italiens qui revendiquent le premier talon aiguillent en 1953. Même si à l’époque d’autres couturiers français comme Charles Jourdan rehaussent les escarpins de plusieurs centimètres, c’est vraiment Roger Vivier de la Maison Dior qui va créer l’aiguille en tant que telle. Pour pallier à un problème de solidité (le bois et le plastique utilisés à l’origine ne résistant pas au poids de ces dames), il décide d’insérer une tige en métal au milieu du talon. Victoire: les femmes vont enfin pouvoir garder leur hauteur et leur grâce, en même temps.
Roger Vivier donne au talon aiguille son titre de noblesse.
Les années 50 et 60 voient une frénésie s’installer autour du talon aiguille. Les plus grandes actrices les portent et contribuent à leur donner une aura légendaire, notamment grâce à leur amitié avec Salvatore Ferragamo, le grand gourou du talon aiguille. Les femmes se les arrachent, voyant dans cette chaussure un symbole de féminité et d’affirmation de soi et cet accessoire indispensable qui va finir leur silhouette d’un coup de crayon. Marilyn Monroe le dira elle-même : ” J’ignore qui a inventé les talons aiguilles mais je peux vous dire que les femmes lui doivent beaucoup“.
Salvatore Ferragamo et Sofia Loren en plein essayage
Très vite, le talon aiguille est associé au sex-appeal, aux femmes fatales, mais aussi à une certaine forme d’érotisme qui n’est pas toujours au goût des nouvelles féministes. Le mot stiletto par exemple est souvent associé aux talons aiguille, faisant référence à la pointe du poignard stylet dont il copie la forme, plaçant irrémédiablement la femme qui le porte sous un rapport de force et de domination.
Objet de controverse, il continuera d’épouser les hauts et les bas de l’histoire des femmes jusqu’au début des années 60, où la sagesse et le confort triompheront de lui. La suite demain ?