Chers lecteurs,
Vous l’avez sans doute lu ou entendu, mais durant l’été Les Éditions La Bourdonnaye qui publiaient de nombreux auteurs et romans, dont les Crèvecoeur, ont du fermer leurs portes.
Comme beaucoup de petites maisons d’éditions aujourd’hui, La Bourdonnaye n’a pas survécu aux nombreux obstacles qui se posent à ceux qui veulent faire de l’édition autrement. Ce n’est pas tant du débat du numérique qu’il s’agit ici, puisque cette maison d’édition faisait et distribuait des livres papiers, comme toute maison dite traditionnelle. Il s’agit plutôt d’une philosophie de changement, tant dans le système de distribution que dans les choix des textes, dans la façon de se promouvoir ou de rémunérer les auteurs, que les Éditions la Bourdonnaye ont tenté de faire la différence. De beaux livres, des couvertures innovantes, des auteurs à la plume percutante, des livres numériques à moindre coût, autant d’atouts qui aujourd’hui, malheureusement, ne suffisent pas pour faire survivre une maison d’édition.
On peut critiquer ces choix, les erreurs qui ont été faites ou les sommes investies ou non au bon endroit, peu importe. La fermeture de cette maison, comme celle de bien d’autres, est aussi symptomatique d’une industrie du livre qui a du mal à accepter le changement et qui fonctionne sous le monopole des grosses maisons et de leur réseau de distribution. L’édition a pourtant besoin de se réinventer et de suivre tous les nouvelles évolutions qui se sont déjà amorcées. Un accès au livre, sous toutes ses formes et à tous les prix, c’est tout de même la possibilité d’offrir à un plus grand nombre l’accès à la lecture ? Le dynamisme croissant de l’industrie du livre en Amérique du Nord n’en est qu’un exemple. Peut-être est-il temps de redéfinir ce système archaïque, où rappelons-le, l’auteur reste encore le seul, dans toute la chaîne du livre, à ne pas pouvoir vivre de son travail.
Tout autour de nous, il n’y a jamais eu autant de livres vendus et de lecteurs heureux de découvrir des genres et des auteurs différents. Une maison d’édition qui disparaît, c’est moins de livres, moins de diversité et donc forcément moins d’ouverture sur le monde qui nous entoure.
Les Crèvecoeur sont toujours là, même si les romans sont peut-être un peu plus difficiles à trouver. Plusieurs autres maisons d’édition sont intéressées à l’idée de reprendre la saga, alors je vous tiens au courant dès que j’en sais un peu plus ! Merci en tous cas à tous les lecteurs qui m’écrivent régulièrement pour partager leur enthousiasme.
En attendant continuez de lire, d’explorer et de partager: c’est le beau cadeau que vous puissiez faire à un auteur.
À très bientôt avec un nouveau roman (je vous en dis plus bientôt, promis)