Voilà une année 2016 qui commence en beauté.
Une belle tempête de neige, la fraîcheur de l’hiver canadien et une promenade en quête d’inspiration, mon carnet de notes dans la poche. Le long chemin de l’écriture est parfois difficile et il est bon, souvent, de se forcer à quitter sa table et son écran pour faire travailler ses méninges autrement.
Pourtant, j’ai souvent l’impression que mes personnages ne me quittent jamais tout à fait. Ils se cachent derrière un arbre, une parole, un geste et ils errent comme moi en quête de sens et d’une destinée. Ils apparaissent au détour d’une scène, ils énoncent une phrase ou s’emportent les uns contre les autres et je tente de créer un sens au milieu de tout cela. Je vis avec des lunettes permanentes qui déforment ma vision du monde et transforment par exemple le blanc de la neige, en un bleu angoissant.
Parfois, les personnages sont un peu comme des enfants qui sont restés trop longtemps à l’intérieur d’une maison. Il faut les sortir, les fatiguer, les amuser, les distraire de cette histoire que l’on essaie de monter avec eux et qui n’a, pour l’instant, ni queue ni tête. Alors je sors, je marche, je respire le froid glacial et j’essaie de me convaincre que cette promenade est purement gratuite et que ces personnages n’existent pas. Il y a quelque chose de très schizophrénique chez les auteurs: ils ont besoin de ces êtres irréels pour vivre et pour se rassurer et ils luttent en permanence afin de maîtriser la différence entre le monde réel et le monde de la fiction.
Et ce sont justement ces frontières minces entre le visible et l’invisible qui me fascinent et m’inspirent, ces lignes qui oscillent entre la certitude que l’on maîtrise le réel et la réalisation que l’on frise parfois la folie.